quarta-feira, 18 de janeiro de 2012

Habilitation à diriger la recherche A la rencontre des vendeurs ambulants et autres informels. Mobilités et réseaux dans la fabrication de la ville.

Projet d´Habilitation à diriger la recherche - Soutenance en 2012


Cette habilitation s´inscrit dans une approche de la ville et dans la ville à travers les pratiques de commerçants ambulants et autres informels (prestataires de services, artistes, habitants de quartiers spontanés). Les vendeurs ambulants s´installent au coin de la rue, sur une place, en vendant des fruits, des glaces, ou encore des lunettes de soleil, des maillots de bain, des CD/DVD, des parapluies, des bijoux. Certains d´entre eux, après un certain temps dans la rue, tiennent boutiques ou occupent des Kiosques et d´autres les remplacent au coin des avenues, à l´arrêt du bus ou à la sortie du métro, dans les flux des véhicules. D´autres sont prestataires de services : ils louent des vélos, des parasols ou des chaises de plages, gardent votre voiture quand vous allez au restaurant, au cinéma ou à la plage, ou encore promènent votre chien.

Comment devient –on vendeur du coin de la rue ou à la plage ? De quoi ces vendeurs ou prestataires sont –ils témoins et que m´apprennent –ils sur la ville? Quels sont les enjeux (territoriaux, sociaux et commerciaux) auxquels ces vendeurs de rue participent ? Enfin, de quelle manière les espaces de commerces de la rue, de la plage ou de l´habitat se transforment –ils en lieux collectifs où se révèlent des compétences urbaines ? Mes différents travaux visent à rendre compte de ce questionnement. Mon intérêt pour la ville va, au fil des enquêtes urbaines, interroger les territoires et les frontières ténues entre pratiques formelles et informelles.

En Guyane française, j´ai engagé des travaux de recherche, suite à un repositionnement professionnel important qui m´a conduit à devenir Maitre Assistante des Ecoles d´architecture en Sciences humaines et sociales et à occuper mon premier poste à Montpellier. Mais par la suite, en retournant en Guyane, en passant par Macapá, Belém, villes en Amazonie brésilienne ou plus récemment Rio de Janeiro mon implication dans la recherche urbaine dans les villes brésiliennes s´est construite à partir de Toulouse où je fais le choix dès 2000, d´intégrer un laboratoire de recherche sur l´Amérique Latine après avoir adhéré à un réseau de chercheurs toulousains qui mettent en perspectives leurs travaux avec ceux de chercheurs d´Amérique Latine et notamment avec certains de Rio de Janeiro au Brésil[1].

Porter un regard réflexif, à la fois sur ce repositionnement professionnel et sur mes travaux de recherches depuis les années 1990, invite à relier différentes périodes de ma vie plutôt qu´à les séparer. En effet, d´une activité de chargée d´études, parfois sans statut, à celui d´enseignant titulaire en Sciences humaines et sociales, mon parcours s´est construit autour deux thématiques principales de recherche : tout d´abord, les mobilités comme lecture de trajectoires résidentielles, professionnelles des vendeurs. Ensuite, les réseaux de relation et les dispositifs de médiation dans lesquels les vendeurs s´inscrivent qui sont des ressources disponibles pour devenir vendeur ambulant, prestataire ou pour se maintenir dans l´activité. Cette approche permettra la production de chapitres d´ouvrages et d´articles en France et au Brésil. En 2003, ma mutation à l´Ecole de Toulouse m´a permis d´intégrer le Laboratoire de recherche en Architecture, tout en restant associée au LISST-CIEU de l´Université du Mirail et au groupe de Recherche « Favela e Cidadania » de l´Ecole de Service Social de l´Université Fédérale de Rio de Janeiro(FACI∕ESS∕UFRJ). Je rendrais compte de ce parcours dans un premier tome du mémoire d´HDR, en revisitant thématiques et publications scientifiques produites depuis plus de dix ans de collaboration de recherches France, Guyane –Brésil.

Mon choix pour participer aux activités de ces laboratoires de recherche tient au fait qu´ils revendiquent une analyse de la ville et de l´urbain par une démarche interdisciplinaire et multidimensionnelle reliant social, économique et politique. Je me suis intéressée, au fil des enquêtes, au rapport que ces vendeurs ambulants entretiennent avec le pouvoir local, dans une perspective de développement urbain durable. Ma problématique va à la fois porter sur les dimensions économiques des échanges mais également sur leur signification sociale inscrite dans des règles institutionnelles, règles souvent contournées ou détournées. Le tome 2 de ce mémoire d´HDR présentera deux recherches inédites. La première va insister sur le rôle de l´espace et des dispositifs de médiation à l´œuvre dans l´activité de commerce ambulant et la deuxième présente une ethnographie des pratiques de services sur la plage en les confrontant aux pratiques d´habitants dans la forêt. L´arène locale, comme la plage ou la forêt à Rio, servira de lieu d´observation des interactions et des controverses dans la fabrication de la métropole de Rio de Janeiro et permettra de dégager des perspectives concrètes de recherches en mettant l´accent sur une approche du social et du sensible dans la ville.



[1] GRAL (Groupe de Recherche sur l´Amérique Latine UMR CNRS5135) et le réseau PRISMA Programme de Recherche International et interdisciplinaire sur les processus d´identification socio-spatiale dans les métropoles des Amériques